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samedi 6 novembre 2010

Reparo


Reprendre en main la pensine avant qu'elle ne se brise... rassembler l'éclat de mes pensées avant qu'elles ne s'évaporent dans le lac de l'oubli...

vendredi 28 mai 2010

L'Autre Lune

Carmina vel caelo possunt deducere lunam...
Virgile.


Bon... premier message depuis des mois. J'me livre au compte-goutte maintenant, alors si vous avez la patience d'un phénix tant mieux, si vous vous lassez aussi vite qu'un gobelin je suis désolé.
C'est que ce n'est pas facile de se livrer quand à force ce sont toujours les mêmes choses qui vous tracassent. Oh et puis quand tout va bien, vous le savez, on ne dit rien. Encore que... le précédent message prouve le contraire.

Mais là... bon, faut dire que mes pensées sont un peu précipitées, il est donc nécessaire de ressortir la bonne vieille pensine de son placard pour y déverser le trop-plein. Voyez les tourbillons d'argent qui s'écoulent dedans... Ce sont des rêves.

Tenez, celui-là. Il date du début de la semaine. Un mauvais rêve ou un bon? je l'ignore. Je vous le livre tel quel, brut de décervelage. Il est sur fond bleu nuit.Je sors de l'hôpital où je travaille (dans mon rêve hein. Je ne travaille pas, je suis plutôt sur l'angoisse justement à ce sujet). Je suis allé voir ma mère. Qui loge visiblement chez mes arrière-grands-parents, du côté de la mère de mon père. Autant dire à l'opposé familial total de ma mère. Mais dans mon rêve je m'en inquiète à peine, c'est pour ainsi dire normal. Les rêves sont comme les dieux, ils ont un sens de l'humour déroutant, je ne vous apprends rien. On est dans ce qu'un interprète comme moi pourrait appeler une "inversion inconsciente", inversion étant à comprendre comme le charivari, le détournement, la culbute, le chamboulement carnavalesque caractéristique des mondes parallèles, magiques ou surnaturels. L'effet miroir déformant propre à l'Autre-monde. C'est comme ça que j'ose le comprendre en tout cas.
Donc je vais chez ma mère, dans cet Ailleurs indéfinissable. Là, avant d'arriver, on me fait remarquer que la Lune est magnifique, sur le ciel d'où le jour s'efface aussi vite qu'une encre sèche. Nous sommes encore dans un entre-deux, la fin du crépuscule. Je remarque cela maintenant, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'étant donné la suite, c'est logique.
Il y a des gens, non pas plein, mais plusieurs personnes, qui sont debout ou assis sur une plaine herbeuse près de la maison. Cette plaine s'étend à perpétuité, par delà un horizon aussi arrondi que la tête à Toto. Ca fait un effet Petit Prince sur sa planète où ne pousse qu'une fleur, si vous voyez le dessin auquel je fais allusion.Tous regardent le ciel de plus en plus sombre, couleur bleu marine. On me fait alors remarquer (qui ça on? Je ne sais) que la Lune est magnifique ce soir. Etant assez fidèle à moi-même dans mes rêves, je lève aussitôt la tête pour constater combien la lune est effectivement belle, argentée, gibbeuse encore, de la taille d'une balle de golf vue d'ici. Moment d'émotion.
C'est alors que je remarque quelque chose d'étrange. Il y a une autre lune dans le ciel. Juste à côté de la première, comme si celle-ci s'était dédoublée. Elle me paraît gibbeuse, argentée, mais un peu plus grande. De plus en plus grande. Elle grossit, s'enfle, s'arrondissant au fur et à mesure, les détails de ses plaines blanches et de ses mers grises sont de plus en plus précis.
"Elle s'approche!", je m'exclame.
Elle s'approche en effet, et à une vitesse affolante. Je sais alors qu'elle va tomber sur Terre. Je cours vers la maison de ma mère, criant pour alerter des gens sur le passage, mais personne ne m'entend. Je rentre dans la maison. La pièce principale est telle qu'elle était du temps de mes arrière grands-parents : la véranda avec ses mouches, la salle à manger plongée dans la pénombre, le poêle noirci par le charbon à droite, le lit, haut, épais, rougeâtre, mortuaire, dans le fond. Ma mère, de l'autre côté de la table, devant ce lit, debout, m'attendant. Je ne la vois pas vraiment, mais je sais que c'est elle parce que, dans les rêves, on ne voit pas vraiment les gens, on les ressent. La sensation que l'on a, éveillé, quand on sent leur présence. C'est ainsi qu'on les identifie, mais ça reste un rêve, fantomatique. Ma mère n'est pas là, seulement cette présence qui lui est propre et est seule liée à cet Autre monde qu'est le rêve.
Je vais la voir, commence à l'avertir. La Lune a envahi l'espace.

Et je me réveille.



Je ne suis pas sûr d'avoir senti la fin du monde, non non. Je l'ai surtout sentie venir, et tout en tentant de sauver un être cher, tout le monde même, je savais que c'était inutile, parce que je n'en avais pas le temps.

Un cauchemar. Ne pas avoir le temps. L'impuissance. La Lune qui tombe sur Terre. Ma mère dans cet Autre-monde qui lui est si éloigné...

Maintenant vient l'interprétation. Je ne suis pas du genre à m'attarder sur mes rêves. L'oniromancie est bien trop nébuleuse à mes yeux pour que je lui fasse confiance. Mais ce rêve est vraiment hors du commun. Le travail à l'hôpital, c'était autre chose, juste une angoisse liée à mon quotidien. D'ailleurs je ne m'en rappelle pas. Mais ce rêve...
J'ai déjà rêvé de cataclysme où je perdais ma famille. Enfant, j'avais dessiné à l'école un de mes rêves où un volcan engloutissait ma maison et je voyais les lunettes de mon père flotter à la surface de la lave en fusion lorsqu'elle s'engouffrait dans l'école. C'est vous dire.
Mais là, il ne s'agit pas d'une peur enfantine. C'est trop vivant, trop marquant, trop riche de sens.

J'en ai déjà expliqué quelques uns : l'Autre-monde, le crépuscule qui marque l'entre-deux, instant où dans la vie de tous les jours je me sens le plus proche d'un autre niveau de conscience. Je veux être plus précis dans mon analyse. Ma mère, c'est la vie. C'est ce que je ressens en sa présence : à la fois le sentiment de mon origine, la certitude même de celle-ci, le côté rassurant de la mère pour l'enfant qui est encore en moi forcément, l'envie aussi de me battre pour ceux que j'aime, ce qu'elle m'a toujours démontré, et enfin le besoin d'aller de l'avant, la motivation qu'elle m'a toujours donné. La maison de mes arrière grands-parents paternels... aussi loin que je me souvienne, depuis tout petit, cette maison évoque pour moi la mort. Sombre, très sombre, dégarnie, avec des mouches, un poêle comme dans l'ancien temps (j'étais petit, l'ancien temps s'est reculé avec l'âge), le charbon, sale, noir... Ces deux vieilles personnes, certes affectueuses, mais vieilles, courbées par les ans, vêtues de tissus sombres, terreux, pratiquement chtoniens. Le contraste est saisissant dans mon rêve où deux choses éloignées, vraiment éloignées puisque ma mère et sa belle-mère s'opposent en tous points, sont quasiment assimilés. Comment mon inconscient (ou les dieux) ont-ils pu procéder à ça si ce n'est par une magie qui leur est propre?

Or, c'est là qu'a lieu le désastre : au niveau de la mort, alors que je tente de sauver la vie. Frappant comme image, j'en ris presque, on dirait un film. Mais Homère parle aussi comme ça, alors pourquoi pas...
Le désastre, c'est la Lune. Ou plutôt une autre Lune. Et je crois qu'il s'agit de moi...
Je ne pensais pas particulièrement à la Lune ces jours-ci. Il est vrai qu'elle a dû y penser seule, puisque la pleine lune s'est produite dans la semaine. Au moment du rêve, elle était effectivement gibbeuse. La Lune, c'est un miroir. Celui du Soleil pour la première, le miens peut-être en ce qui concerne la seconde. La plupart des divinités lunaires ont été masculines, dans l'histoire de l'humanité. Certaines très importantes, pratiquement à la tête du monde. A Babylone, c'est un dieu astrologue, celui qui dit les choses qui sont et qui seront. Qui influe sur le temps. La notion de temps est décidément omniprésente dans ce rêve. Mên, le dieu auquel je pense le plus malgré moi quand je pense à la Lune, est celui qui a donné son nom au mois. Pourquoi ne me parlerait-il pas de mon Moi (aïe, j'essaye d'éviter de freuder, mais c'est dur)? Enfin, ma conscience européenne occidentale a pris le pli de voir dans la Lune le symbole de l'ésotérique, de ce que l'on cache, pratique en secret, pense sans le dire...

Or voilà... il y a une angoisse que mon subconscient aurait pu vouloir me jeter à la gueule. Mon subconscient ou les dieux - n'est-ce pas la même chose, au fond? Une angoisse omniprésente en ce moment.
Je veux parler justement de ce qui me manque, me préoccupe, me travaille, m'intrigue, me guide et m'échappe encore et encore, jour après jour, nuit après nuit : la magie, l'enchantement, les mystères par delà le conventionnel, ce que les puissances ont à offrir au-delà de ce que l'on sait, voit, entend, peut! Cet autre monde entre jour et nuit, entre vie et mort. Ce monde auquel je sais appartenir sans pouvoir y entrer pleinement. Cette obsession qui peut-être m'envahira, m'écrasera, m'étouffera, me détruira.
Peut-être, comme les sorcières de Virgile, finirai-je par faire descendre la Lune du ciel? Pour le meilleur comme pour le pire...

lundi 22 février 2010

Etre l'homme de quelqu'un.

Il n'y a pas si longtemps je n'étais rien. Juste un atome en errance dans le multivers, un point qui part en trait dans la marge, un écorché qui se compose une peau... Quand j'y pense... le whisky seul, la philosophie où tu n'aimes que Sophie, sans image... l'histoire, la métamorphose dans le cocon de la douleur, les larmes parfois, encore marquées à l'intérieur de mes joues... Et tous ces pointillés que j'ai appris à côtoyer et que je déploie encore si souvent que je sais qu'ils accompagneront les textes de toute ma vie. (non : ...)

Depuis plus d'un an, je suis quelqu'un. Pour quelqu'un. Quand on dit qu'on ne se définit que par rapport à son prochain, c'est une vérité que l'on ne prononce pas assez. Certes, seul face à moi-même, j'ai appris à maîtriser la métamorphose, à me former moi-même, mais... (encore ces trois petits points), depuis que j'ai rencontré la fée, la nymphe sans âge qui est le miroir intérieur de mon faune, je sais qui je suis. Car je suis son homme.

Il peut paraître prétentieux de se vanter d'être l'homme de quelqu'un. Être l'homme d'exception, je veux dire, être celui qui la change, la délivre de ses peurs, la fait devenir... elle. Ce pourrait être lui, c'est elle, peut importe. C'est elle. Être celui de celle qui est celle de celui-ci. Ne pas être un - quel mythe!, être deux. Juste deux. Le chiffre pythagoricien qui débute l'accomplissement de soi-même (et hop! petite perfusion historico-métaphysique, parce que j'sens qu'on l'attend de moi;)).

Là, nous nous sommes installés ensemble (ouais, bon, j'me suis installé. Mais laissez-moi 4 minutes. Pour vous expliquer). Mais je ne suis pas chez moi. Pas trop, j'suis juste installé. Non, surtout, je suis avec elle.

L'important n'est peut-être pas d'être avec quelqu'un... l'important c'est d'être soi-même. Je suis les deux.

Philô mou sophia.

mercredi 6 janvier 2010

Feuille en écrin de pourpre

Je fais des rêves éveillés ces temps-ci,
où la livrée brune et verte de mes jours
se mêle aux émaux rouges de mes nuits.
Je rêve assis en haut de ma triste tour
des flammes chaudes de mon amour.

J'aimerais confondre la lumière du donjon,
avec l'ombre de la caverne, où dort la fée.
Mais si loin sont les deux foyers, Charon,
que tu dois chaque jour m'y transporter.
Mon esprit s'y perd en quête de stabilité.

Je rêve éveillé, parfois...

jeudi 10 décembre 2009

Balle qui roule me fout les boules...

J'ai une diabolique horreur des ballons. Vous l'ai-je jamais dis? Bon, c'est pas facile à avouer, hein, surtout quand toute la terre a tendance à tourner autour de ces petites choses globulaires. Mais le temps est venu de faire mon coming out (non pas celui où tu avoues que tu aimes les boules, celui où je confesse que je hais les balles - dans le dico, mon dico, ça s'appelle avoir les boules, ou la playballsphoby).

Il y a des enfants qui ont la phobie des ballons de baudruche, parce que ça éclate. J'leur accorde que la texture est pas non plus terrible, on a l'impression de tripoter des couilles d'éléphanteau nouveau-né, et quand ils s'envolent accrochés à un fil, ça doit leur rappeler la dure et récente époque de la chasse à l'ovule (un cauchemar quand on y repense...). Sur ce site et surtout sur celui-là, je vois même que certains, les "looners", en ont fait un fantasme ("oh, oui, vas-y bébé, éclate-moi le ballon!").

Batball

Mais j'vous arrête. Suis pas dans le métier. Pour moi, je parle des vrais ballons, les plus féroces, ceux qu'ont pas une tête de spermatozoïde mais ceux qui sont ronds, les plus sphériques, genre globe du pouvoir, objet diabolique! J'en vois défiler des centaines comme ça, parce que j'ai la chance (sadique) de crécher dans une tour qui surplombe un terrain de foot. J'les vois bien les mecs, courir soir après soir derrière leur satané ballon rond, et au bout d'un an et demi, il se sont toujours pas mis d'accord à son sujet. C'est que le globe de pouvoir déclenche bien des envies. Ils se le passent à tour de rôle, dans un mime de démocratie, mais au fond, ils le veulent tous, ils le pourchassent. Vu sous cet angle, j'aurais presque de la peine pour ces pauvres ballons. Si j'pouvais, j'fonderais une association qui se chargerait d'enlever tous les ballons et de les emmener loin du monde des hommes. Mais j'hésite pour l'avenir : est-ce qu'on leur offre une île rien qu'à eux pour reproduire l'espèce en toute sécurité, ou est-ce qu'on ouvre un charnier et qu'on les dégonfle tous un par un à coup d'râteau infecté au tétanos avant de les jeter dedans? histoire d'être sûr que justement, ils ne se reproduisent pas (on devrait penser à ça pour d'autres boules aussi, mais c'est hors sujet). Le problème de l'île, c'est que j'aurais peur de recréer Jurassic Park et de voir un jour débarquer un Addidas Rex dans Los Angeles. Mais le coup de l'extermination, c'est pas non plus très bon d'un point de vue médiatique et ça demande beaucoup de moyens (faut s'payer des râteaux et ça les hommes ils aiment pô).

En attendant, moi, faut que j'me les coltine les ballons ronds. Saloperies de ballons ronds. J'ai l'impression qu'ils ont des yeux et qu'ils me regardent, même de loin quand des gosses jouent avec dans la rue, dans l'espoir sans doute que ça leur ouvre les secrets de l'univers. C'est pervers un ballon rond. Toutes les races de ballons : les ballons de foot typiques, genre carrelage de cuisine, sont de vrais enfoirés ; les ballons de basket, j'respecte, parce que j'en ai eu un... ah oui, sauf que depuis la fois où il a voulu faire joujou avec mes sphères à moi, je ne veux plus lui parler. Et les ballons de volley? T'as beau les envoyer de l'autre côté du filet, au prix d'incroyables contorsions des bras qui te font bouger comme Guignol qui applaudit, ce connard synthétique te revient toujours en visant la tête! Y a qu'au rugby, j'dirais qu'ils ont été intelligents (oui, je sais en vrai le mec avait pris son ptit déj' au ptit ricard, dans un verre... ballon, ahah!) : le ballon a la même vie, mais il n'est pas rond. Paraît que c'est rapport à l'a-é-ro-dynamisme... Moi j'ai ma petite idée : c'est le seul qui rentre vraiment.

Un homme qui en a une paire, une vraie.

Revenons à notre globe-trottinage. Les ballons, quoi qu'on en dise, sont des petits diables pervers en matières synthétiques qui aiment se faire fourrer, souffler et qui kiffent les passes. Mais surtout, ils sentent quand on les aime pas, et c'est là qu'est mon problème. C'est pire qu'un chat le ballon. Ca voit venir l'ennemi et ça charge par derrière, quand tu t'y attends pas, généralement à la tête ou entre les jambes. Je l'ai dit, ils me regardent quand je passe dans la rue. Ca s'la pète un ballon. Et surtout, ça rebondit! Ca va jamais où tu veux qu'ça aille. Ca roule ces conneries là. Ca sautille, ca... Aaaarghhh! Non pas ça! Quand j'en vois un qui me fonce dessus, tout bondissant-roulant-boulant, c'est tout un passif de tensions, d'agressions, d'humiliations qui me remonte du fin-fond de ma saleté de période trans-pubère. Tenez, l'autre jour, en rentrant chez moi, après être sorti me galérer dans le quartier pour retirer quelques sous survivants et les dépenser en énergie vitale pour me faire survivre moi-même, v'là-t-y pas que j'tombe sur un trio infernal de mioches trans-pubères qui occupait le passage genre triangle des Bermudes avec leur damnerie de ballon rond... Vous remarquerez, ils font toujours ça dans le passage, parce qu'ils sont de mèche avec le ballon et que le ballon veut tous nous attirer dans son monde de torture et d'abjection où les hommes se retrouvent avec une aiguille dans le bouchon et gonflés à coup d'hélium (j'vous aurais prévenus, ils sont venus pour nous détruire!!!!).

Bref, le ballon est là, orbe du diable qui fait boing-prprprprpr-boing en dessinant le parfait triangle des bouches de l'enfer. Je le reconnais, je l'ai déjà vu, coincé dans la haie merdique du rez-de-chaussé (où la gardienne a accroché depuis peu une de ces atroces guirlandes lumineuses évadées de Las Vegas qui clignotent toute la nuit comme si elles étaient dans leur période des amours et parce qu'elles emmerdent les ours blancs de la banquise - ça aussi je déteste, je les hais, je les maudits, foutues déco de beauf de noël!). Il est moche, blanc sale rayé caca d'oie. Mais c'est ce qui le rend si hargneux.

Donc, je rentre. Je vois les gosses, je vois le ballon... J'ai fait un remake de Dead like me, malgré moi : "Oh, chiotte!". Là, j'suis repéré. Juste comme j'approche, le ballon qui décrivait de parfaites lignes droites depuis le début se met à partir en pelote : il quitte le champ de force pubertaire et me fonce dessus à toute berzingue. Heureusement que ça crie pas, parce que j'me pisserais dessus. Que faire? Courir en arrière les bras au-dessus de la tête en hurlant "Mamaaaaaaan!" ou faire face? J'ai fait face (hey, j'suis mouillé mais j'suis pas ta poule!). J'ai ralenti sa course en freinant du pied. J'l'ai envoyé vers les gosses. Il est allé sous la voiture.

"Et merde."

Là, le plan B : sauve ta dignité. Ca j'sais faire. J'aurais pu m'arrêter et lui gueuler dessus à ce connard de ballon : "Fuck you ball! Suck mines! Gonfleur à piston!" Puis j'lui aurais craché et tenté de l'écraser. Mais j'ai déjà essayé, ça s'écrase par un ballon, ça roule. Donc, j'ai pris ma dignité par la peau des fesses et j'suis passé la tête haute à travers le triangle des Bermudes, pour dire j'suis qu'une moitié d'pédale alors faisez gaffe!

[Testicules de girafe atteinte des oreillons ou suppôts de Satan?]

En même temps, j'm'en fous, parce que dans l'histoire, c'est pas moi qui ait pris un coup de pied. C'est le ballon.

Parce que, poétiquement, un ballon, c'est con. Et tout ce qui tourne autour. Y compris ce post.

lundi 30 novembre 2009

Je voudrais dynamiter les murs de ma conscience et faire exploser l'essence de ma folie... douce folie, qui berce d'illusion mon quotidien assombri. Comme je rêve de donner corps à ces rêves, un corps de pierre et de bois, où me sentir chez moi : quatre murs, un tapis de Bergame, des piles de livres usés et des lampes claires dans une ambiance enfumée. Un atelier pour se construire soi-même et modeler les formes de ma métamorphose. Donner à mon image les couleurs de mes idées, être au-dehors ce que je suis au-dedans. Je rêve de sofas élimés au coin du feu, d'une troupe de poètes disparus à qui parler musique, sexe et spiritualité... je rêve d'un coin de foyer à moi où travailler, manger, dormir... où rentrer les soirs de cafard, prendre un hydromel dans le réfrigérateur et m'avachir dans un fauteuil en écoutant des musiques païennes, ne sentant plus le vent qui rugirait loin dehors... un chez-moi où rentrer pour une after à la taverne, l'esprit encore plein de bulles, pour nous étendre sur le sol et regarder le plafond en assumant pleinement nos vies.

Je veux des cartes anciennes sur les murs, des portraits dans des cadres, des instruments de musique, des livres à ne plus pouvoir les ranger, une armoire en bois pour ranger des vêtements qui me plaisent, un bureau croulant sous les papiers, un salon où le mot "moelleux" prend son sens, un parquet de bois, une cuisine où la place ne manquerait pas, un grand lit à moi, et surtout... partout des coussins, partout des livres, partout de la vie...

Mais je suis là, dans une cellule grise, sans vie, sans feu... je n'y rentre pas, je m'y enferme, j'y suis sans y exister, j'y travaille sans y réussir, je m'y perds sans m'y trouver. Je ne suis pas chez moi, je ne fais qu'errer, comme un fantôme, d'un bout de Paris à l'autre, entre toujours les mêmes arrets de métro, prisonnier d'une économie de guerre, enchaîné à la routine d'études qui n'aboutissent pas, contenant mes désirs et mes ambitions comme une femme retiendrait en elle l'enfant qui doit naître. J'ai mal et le temps n'y fais rien.

Je n'avance pas... j'attends...
et je déteste ça.

lundi 23 novembre 2009

Piouf

J'ai eu une vision. Nous serions entre les parenthèses du surréalisme, sur un tapis de Bergame, devant la cheminée. Un plateau porterait le thé non loin de nous. Une musique de tambour et de cordes païennes faisant vibrer nos petits coeurs, pendant qu'au dehors le vent s'enrage sur les feuilles roussies de l'automne. On referait le monde, on inventerait de nouveaux enchantements, en avançant nonchalamment les pièces d'un échiquier.

J'ai envie de magie, d'amour et de folie douce... pour entretenir une heureuse mélancolie...

Poésie viens à moi. Ma Muse. Ma Venus. Je suis ton Hermès. Prends moi par le bras, je te guiderai entre les étoiles!