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mercredi 12 novembre 2008

Lettre de Merlin à Morgane...



J'ai regardé le ciel au coucher du soleil,
Et j'ai vu l'horizon s'embraser.
J'ai vu brûler la terre et ses merveilles,
Comme on brûle de nos jours une fée.
J'ai perçu dans le vent et la marée,
Les lamentations d'une sorcière esseulée.

Ne pleure pas Morgane, ne pleure pas.
Le jour se lèvera à nouveau pour toi.
Je sais que tu souffres, princesse,
Retranchée dans ton val sans retour,
Où tu cherches à capter l'amour
Qui veut t'échapper sans cesse.
Je sais que tu as peur de l'avenir,
Que les dieux t'abandonnent à ta folie
Où tu plongeas le jour où le roi te maudit.
Et tu te dis que ta vie n'est faite que pour le haïr.


J'aimerai te dire, Morgane, d'oublier ta colère.
Ne sois pas la sombre déesse, celle qui châtie.
Ne deviens pas la Furie infernale,
Sois plutôt la nymphe sans égale.
Mais je sais que rien ici n'est écrit.

Je suis prophète et je te le dis :
Ce sont nos choix qui font ce que nous sommes.
Il revient à chacun d'améliorer l'homme.
Pourtant tes sentiments sont là, confus,
Et tu crains qu'ils ne te dévorent toute crue.


Morgane, tu n'as pas à te sacrifier.
Tu peux vivre, être amante et mère.
Tu peux créer bien des choses dans cet univers.
Mais je sais, les choses ne s'oublient pas.
Et je vois aussi brûler les plus sacrés de nos bois.
Te souviens-tu celui où nous parlions autrefois?
Te souviens-tu, nous rêvions de changer le monde.
Il nous a bien changés en tous cas.
Et j'ai peine, ma soeur, à te voir pleurer tout bas...


Vois, Morgane, je ne suis plus qu'une onde...
Je suis sans âge, ni jeune, ni vieux, ni homme ni bête.
Je ne sais plus qui je suis, tant je me transforme.
J'éprouve comme toi la peur pour ma quête,
Et j'aimerai chaque soir que les dieux m'endorment.
Mais je sais que le jour se lèvera, et j'attends.
Je regarde la lune et je prie pour que ce jour,
Vienne ma Viviane aux yeux envoûtants.
Pour que dans le repos de l'arbre sourd,
J'emporte avec moi les lourds secrets.


Mais toi, Morgane, ne m'oublie pas.
Quand à Avalon tu te promèneras, crois vraiment,
Ma soeur, qu'en tendant l'oreille dans le vent,
Tu entendras toujours ma voix...

Tom


Ab fatas amicias sororemque meias...